eCOVID est la solution de télésuivi mise en place par SESAN pendant la crise sanitaire pour la prise en charge à domicile des patients et cas contact Covid. Elle s’appuie sur Terr-eSanté, la plateforme régionale de coordination. L’application a été développée en mode Agile, et en étroite collaboration avec les acteurs de terrain afin de répondre au plus près des besoins des professionnels de santé et de l’évolution du contexte de crise sanitaire que nous avons connu au printemps 2020. Le Dr Alain-Gil Mpela, Médecin urgentiste au Département Médecine Urgences de l’hôpital de Melun et responsable de l’unité de télésuivi mélunaise a apporté une précieuse et indispensable contribution à ce développement. Il nous fait part de son expérience pendant l’année écoulée.
SESAN : Un an après, quel bilan dressez-vous de l’utilisation d’eCovid ?
En mars 2020 nous pensions que la crise sanitaire ne durerait que quelques mois et s’arrêterait. De même pour le module eCovid. Sincèrement au lancement du module, l’outil ne correspondait pas tout à fait à nos besoins et nous avons dû former notre personnel et adapter la solution au GHSIF. En parallèle nous étions en contact tous les jours avec la référente territoriale de SESAN, le GRADeS a toujours été très disponible. Les multiples mises à jour et les échanges avec SESAN ont permis, en moins de 15 jours, d’en faire rapidement un outil totalement opérationnel ! Si eCOVID n’était pas une priorité au lancement il l’est rapidement devenu avec la gravité de la crise. Nous n’avons d’ailleurs pas cessé de l’utiliser entre les vagues. Il nous a semblé important que Terr-eSanté reste ancré dans l’établissement. Si le personnel avait arrêté d’utiliser l’outil après la première vague nous n’aurions pas pu être aussi réactif au moment de la seconde.
Avez-vous eu besoin de mettre en place une organisation spécifique ?
Dès le début de la crise, nous avons mis en place une unité fonctionnelle dédiée à la gestion du suivi des patients 7 jours sur 7 via le module eCOVID. Cette unité, composée initialement d’étudiants en médecine et d’infirmières de structures de jour, a surveillé près de 2 000 patients et 600 tableaux de bords au cours du mois (plus de 15 indicateurs eCovid à analyser par jour et par patient). Pendant l’été 2020, la décroissance des cas positifs nous a imposé d’adapter notre organisation et nos missions afin d’améliorer la qualité des dossiers patients (intégration de comptes rendus de passage aux urgences, contact du médecin traitant, etc.). Au début de la deuxième vague, nous avons renforcé et pérennisé notre unité. Et depuis le mois d’octobre, cette équipe s’est étendue avec une cadre, des infirmières, des personnels administratifs, nous sommes désormais huit à en faire partie.
Quelles sont les fonctionnalités d’eCovid qui vous ont été particulièrement utiles pendant la crise ?
La fonctionnalité de télésuivi me paraît essentielle, celle où le patient rempli ses indicateurs. J’espère que cette fonctionnalité sera déclinée par la suite ! Pour les sorties d’hospitalisations de patients qui ont des problèmes respiratoires par exemple. Cet outil peut en effet être très facilement adapté à certains modèles.
À l’inverse, quelles fonctionnalités auriez-vous aimé utiliser ?
J’ai déjà eu l’occasion d’en parler avec les équipes de SESAN, ce qui serait formidable c’est que l’on puisse déclencher directement une visio avec le patient à partir d’un dossier Terr e Santé, et que celui-ci puisse directement y accéder sur son application patiente. Cette situation évoluera certainement à l’avenir
Terr-eSanté et son module eCovid sont-ils des bons outils de coordinations entre professionnels ?
Ce sujet de la coordination entre professionnels de santé me paraît primordial. Allier l’intégration de documents médicaux avec la possibilité de dialoguer au sein du cercle de soins va permettre d’améliorer et sécuriser nos prises en charge. Des collègues qui exercent en ambulatoire peuvent être rapidement être informés de l’hospitalisation de leur patient. Avoir un outil efficace c’est déjà un bon argument pour inciter à la coordination. Je ne dis pas que Terr-eSanté et le module eCovid sont la réponse à tout, mais pouvoir s’appuyer sur un outil performant est essentiel.
Quelle est la prochaine étape ?
Nous voulons pérenniser l’usage de Terr-eSanté au GHSIF en travaillant d’avantages avec nos collègues de villes et des autres établissements. Pour ce faire, nous commençons à nous appuyer sur Terr-eSanté sur des parcours simples, en sortie d’hospitalisation : asthme, infectiologie. L’idée est de créer des groupes de patients et, avec leur accord, de voir l’apport de l’utilisation de la solution dans leur prise en charge. Je suis convaincu que si nous arrivons à mobiliser infirmières et médecins traitants dans cette boucle, nous pourrons améliorer les sorties d’hospitalisation et fédérer nos collègues.